Guelâa, la ville ouverte
La fondation de la Guelâa remonte au 6ième siècle de l’Hégire, ce qui correspond au 12ième siècle du calendrier grégorien. Ancienne capitale du Royaume Hafside, elle comptait à son apogée plus de 80.000 habitants. La population se répartissait sur le plateau ainsi qu’au bas des falaises.
Guelâa eut également un rayonnement culturel et politique considérable, c’était une ville animée par des savants et des intellectuels. Elle fût aussi un royaume militaire avec une grande voie de commerce et de communication. Malheureusement la plupart des documents sur son passé ont été détruits.
Les constructions de Guelâa n’ont pas été épargnées non plus. Mais malgré les nombreuses ruines dues aussi à l’exode des Guelâaouis, le village garde son charme et reste toujours vivant fort de son histoire même s’il n’est pratiquement cité dans aucun ouvrage. À Guelâa, il y eut une communauté juive qui aurait compté plus de 3.000 personnes. Cette présence incontestable a été confirmée par plusieurs indices dont l’existence d’un lieu, connu de nos jours encore sous le nom de Lothar-Goudhayen qui signifie la place des juifs. D’autres parts un journaliste algérien, Djamel Alilat, a récemment noté l’emplacement d’une synagogue au pied de la montagne.
La révolte d'El Mokrani
Aujourd'hui encore, Guelâa est très fière de sa propre histoire et des personnalités qu’ils l’ont marquée, comme par exemple El Mokrani, colonel des Beni Abbas. Dans le mouvement de libération de 1871 ce sont surtout les Kabyles qui ont mené un combat de résistance acharnée contre les colonisateurs français. Parmi leurs chefs, El Mokrani, un enfant de Guelâa, a comploté et mené l'insurrection de 1871. À l’époque la Prusse luttait contre les Français. Dans le seul but d’affaiblir la France, les Prussiens soutenaient les rebelles Guelâaouis, on raconte même qu’ils avaient monté une forge d'armes. La victoire prussienne a donné aux Kabyles l'impulsion à la résistance.
La lutte de libération à Guelâa 1954-1962
Guelâa a également largement contribué à l'indépendance de l'Algérie pendant la guerre de libération. C’était un lieu estimé des Moudjahidines où ils se reposaient ou discutaient des négociations. En particulier le Colonel Amirouche considérait Guelâa comme un des endroits les plus sûrs de par sa situation géographique et l’engagement remarquable de ses habitants dans la lutte de libération : « Guelâa, c’est le Caire. Quand vous arrivez ici, vous pouvez vous reposer sans crainte. Enlevez vos pataugas. » Entre 1956 et 1959 Guelâa a très souffert, le jour: attaques des troupes ennemies, la nuit: bombardements des régions voisines occupées, le village entier fût martyre de cette guerre. Ainsi Guelâa est devenu le symbole de la liberté et de la volonté d’indépendance. On retrouve encore de nos jours la bravoure et la générosité des Guelâaouis. Le village a conservé une indépendance économique et culturelle transmis du passé. Le facteur décisif pour l'expulsion des Guelâaouis en 1959 était un ordre du gouvernement français obligeant les habitants à quitter le village dans un délai de 24 heures.